Publié dans le numéro 18 de la Revue Rinad (septembre 2025), cet article signé par El Fethouni Aziz, doctorant en sciences économiques et de gestion, et Louhmadi Abdeljalil, professeur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales de Tanger, s’intéresse à la transformation de la comptabilité analytique à l’ère de l’intelligence artificielle (IA).
L’étude met en lumière la manière dont les technologies numériques — telles que la robotisation des processus (RPA), la Business Intelligence (BI), le Machine Learning (ML) et le traitement automatique du langage naturel (NLP) — redéfinissent les pratiques comptables. Ces innovations permettent aujourd’hui d’automatiser la collecte et le traitement des données, de renforcer la traçabilité des calculs, et d’améliorer la précision des coûts ainsi que la rapidité du reporting financier.
Les auteurs expliquent que cette évolution marque le passage d’une comptabilité analytique « descriptive » à une comptabilité « augmentée », capable d’anticiper, d’expliquer et de prédire les performances financières. L’IA devient ainsi un outil stratégique d’aide à la décision, en offrant une vision plus fine et plus réactive de la gestion des coûts et de la performance globale de l’entreprise.
Dans le contexte marocain, cette mutation s’inscrit dans une dynamique plus large de digitalisation et de modernisation des systèmes d’information (e-facturation, ERP, automatisation, gouvernance des données). Les bénéfices sont réels : meilleure précision, réduction des délais de clôture, amélioration du contrôle interne et de la fiabilité des données. Toutefois, plusieurs défis persistent : le coût d’intégration des solutions IA, le manque de compétences spécialisées, la résistance au changement, et les problèmes liés à la qualité et la sécurité des données.
À travers une enquête menée auprès d’entreprises marocaines, les chercheurs constatent que l’adoption de la comptabilité analytique augmentée demeure inégale, variant selon la taille et le secteur d’activité. Les PME se montrent souvent plus agiles et réactives que les grandes entreprises, encore freinées par la complexité de leurs structures.
L’article insiste également sur les enjeux éthiques et réglementaires liés à l’usage de l’IA en comptabilité : conformité aux lois marocaines sur la protection des données, cybersécurité, transparence et explicabilité des modèles. Ces aspects sont essentiels pour instaurer la confiance et garantir une utilisation responsable de l’intelligence artificielle.
En conclusion, les auteurs affirment que la comptabilité analytique augmentée constitue désormais un levier stratégique de compétitivité pour les entreprises marocaines. Pour réussir cette transformation, il est indispensable d’investir dans la formation des talents, la gouvernance financière, et la modernisation des systèmes d’information. L’avenir de la fonction comptable réside dans sa capacité à allier rigueur financière, intelligence technologique et vision stratégique.